Comment expliquer la hausse de la consommation de bière en France ?

A glass of cold beer macro photography

L’économie de la bière semble florissante en France : après 30 ans de baisse, la consommation de cette boisson houblonnée a renoué avec la croissance. On enregistrait ainsi une hausse de 3,1 % en 2015, premier rebond après 1 % de baisse par an depuis près de trente ans. Mais comment expliquer ce regain d’énergie de la part de ce secteur de l’agroalimentaire ? Émergence de nouveaux produits, développement de la « craft beer » et renouvellement d’image sont autant de facteurs expliquant ce renouement des Français avec la bière.

L’émergence de nouveaux types de bière et la diversification des publics

Cette croissance est notamment portée par le développement de nouveaux types de bière, qui sont autant de nouveaux marchés qui s’ouvrent dans une filière de l’agroalimentaire longtemps stagnante. En effet, le marché français s’est longtemps concentré sur les « pils », ces bières blondes populaires dont la production à grande échelle s’avère peu coûteuse, et dont le goût et la couleur sont à la fois une constante et un élément grand public. Mais le marché tend à se développer, notamment trois de ses branches gagnant en popularité : la bière sans alcool, la bière de dégustation et les bières aromatisées, progressant chacun de 11 % par an environ. Ce nouvel élan incite les industriels à renouveler leur offre, et ouvre la bière à un nouveau public, notamment les femmes, mais aussi des amateurs de bière plus exigeants, à la recherche de bière d’exception et pratiquant la dégustation de bière comme l’on pratiquerait l’œnologie : les zythologues aussi nommés les « Beer geeks »

Les brasseries artisanales : moteur d’innovation

La croissance de la bière est tirée vers le haut par le nombre grandissant de brasseries artisanales. En effet ces petites et très petites entreprises ont provoqué de nombreux changements dans le secteur de la bière, notamment un important changement d’image. Avec une notion de travail et de diversification, les craft-beers font perdre à la bière son image de produit de consommation courant, pour se tourner sur un produit soigné, qui doit se savourer. Les brasseurs artisanaux ont également fait émerger de nouveaux genres de bières : les Indian Pale Ales (IPA) par exemple, qui sont des bières fortes en houblon à l’amertume marquée, mais également les « sours » des bières plus acides, des bières d’abbaye, ainsi que des bières brassées avec de nombreux ingrédients, comme des fruits ou du lactose, qui leur apportent de nouveaux goûts et de nouvelles textures. Les petits brasseurs se posent donc en moteur d’innovation, et jouent un rôle d’éclaireur pour les industriels de la bière. Ceux-ci s’empressent en effet de récupérer les recettes qui fonctionnent le plus, profitant de leur puissance de diffusion et de leur économie d’échelle pour toucher un plus large public grâce à la grande distribution et à des prix plus bas.

Dans le secteur de l’agroalimentaire, le marché de la bière fait donc figure d’exemple avec un renouvellement porté par de petites entreprises qui inspirent les plus grandes entreprises et qui touche un public plus large et plus exigeant.