Cité de la Gastronomie : détournement de fonds ou simple règlement de comptes politiques ?

Cité de la gastronomie à Dijon

L’affaire agite Dijon et dépasse désormais les simples querelles de clocher. Emmanuel Bichot, conseiller municipal d’opposition, accuse la métropole d’avoir détourné entre 5,5 et 8 millions d’euros lors du financement de la prestigieuse Cité internationale de la gastronomie et du vin. Face à ces accusations, François Rebsamen, président de Dijon Métropole et ministre de l’Aménagement du territoire, dénonce une pure manœuvre diffamatoire. Décryptage !

Entre vente de terrain et jeux d’écriture comptable… une accusation explosive !

Au cœur du dossier, une transaction immobilière qui ne cesse de faire débat. La Ville de Dijon rachète en 2016 l’ancien site de l’hôpital général au CHU, avant de le revendre au groupe Eiffage, maître d’œuvre du projet. Jusque-là, rien d’anormal. Mais selon Emmanuel Bichot, c’est dans les détails du contrat que l’affaire se corse… La métropole aurait consenti une baisse de prix d’environ 8 millions d’euros sur la vente, au motif qu’Eiffage prenait à sa charge l’aménagement des voies et espaces communs du site. Une réduction logique, si ce n’est qu’une clause glissée dans la promesse de vente prévoit… le remboursement desdits travaux au prix coûtant par la métropole.

En résumé, la collectivité vend à prix cassé en échange de travaux pris en charge par le promoteur, mais finit tout de même par lui rembourser ces aménagements. « On paie deux fois pour la même voierie ! » dénonce l’élu, qui a saisi sans tarder le Parquet national financier en s’appuyant sur l’article 40 du code de procédure pénale.

Une riposte cinglante de François Rebsamen, qui dénonce une cabale politique

Pris à partie en pleine commémoration du 8 mai, François Rebsamen n’a pas mâché ses mots. « M. Bichot fait ce qu’il a à faire dans son coin. Il diffame en permanence, je ne vais pas répondre à ses questions », tranche-t-il avant de rappeler, non sans ironie, que son principal opposant « n’habite même pas Dijon, c’est un Parisien ». Pour le président de la Métropole, ces accusations relèvent plus de la stratégie politicienne que du dossier judiciaire solide. Mais cette défense suffira-t-elle à désamorcer une affaire qui commence à faire du bruit bien au-delà des frontières de la Côte-d’Or ?

Une enquête qui pourrait bien aller au bout, sous l’œil vigilant d’ANTICOR

Car si l’exécutif local tente de minimiser, l’affaire a déjà dépassé le simple cadre des invectives politiques. L’association ANTICOR, engagée depuis deux ans sur le dossier, affirme détenir suffisamment d’éléments probants pour étayer ces soupçons. « Ça nous paraît très sérieux, avec assez de preuves », lâche Michel C., référent local d’ANTICOR. Si les faits sont avérés, l’addition pourrait s’avérer particulièrement salée : jusqu’à dix ans de prison et un million d’euros d’amende pour détournement de fonds publics.

Dans cette affaire, où chacun campe fermement sur ses positions, une seule question reste en suspens : simple coup de communication d’un élu d’opposition ou scandale financier majeur en devenir ? La justice tranchera. Mais à Dijon, l’affaire laisse déjà un arrière-goût amer.

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