Fruits et légumes difformes : les raisons de l’échec en grande surface

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Les fruits et légumes difformes, dits « moches », sont des produits souvent exclus de nos rayons, mais aussi de nos assiettes. En cause : leurs imperfections physiques, leur « plastique » imparfaite. Pourtant, les acheter et consommer est un acte écologique, nutritionnel et économique, puisqu’ils sont généralement plus nutritifs et vendus à moindre prix en grande surface (30% moins cher en moyenne). Cela dit, force est de constater que malgré tous les efforts de communication de la grande distribution, les Français ont toujours du mal à changer leurs habitudes, privilégiant les produits calibrés. Le point sur le sujet avec Cheritel.

Pourquoi manger « difforme » ?

10%. C’est le nombre de fruits et légumes abandonnés dans les champs à chaque récolte en France, soit 1 fruit et légume sur 10. Ce chiffre passe à 30% en Europe. La raison de l’abandon ? Eh bien figurez-vous que ces fruits et légumes sont considérés « moches », selon les règles de calibrage fixées par l’Union européenne et les grandes surfaces. Pour autant, le consommateur a tout à gagner en optant pour une carotte dédoublée ou une fraise un peu tordue. Ce serait en effet un choix écologique, car il faut savoir que tous ces fruits et légumes rejetés viennent s’ajouter aux quelque 10 millions de tonnes d’aliments gaspillés par les Français. D’autre part, il est essentiel de prendre conscience du fait que ces aliments sont généralement meilleurs pour la santé. Ce n’est pas tout… d’un point de vue strictement économique, les fruits et légumes « discriminés » pour leur apparence font perdre de l’argent aux agriculteurs, mais aussi aux consommateurs qui ratent ainsi une occasion d’acheter ces produits moins cher.

Mais force est de constater qu’on ne change pas d’habitude aussi facilement qu’on le pense. En 2014, de nombreuses chaînes de grande distribution (Monoprix, Auchan, Intermarché…) ont introduit ces fruits et légumes difformes dans leurs rayons à des prix réduits, mais sans succès. Les consommateurs n’ont tout simplement pas suivi.

Un paradoxe difficile à expliquer

Selon une étude Yougov, les Français sont 70% à se considérer comme « écoresponsable ». Ils se disent aussi prêts à limiter leur consommation d’eau, d’énergie ou de sacs plastique, et déclarent vouloir consommer local et de saison. Malgré ces déclarations pleines de bonnes intentions, les Français rechignent toujours à acheter les fruits et légumes difformes que les supermarchés ont essayé de leur vendre, 30% moins cher, pour lutter contre le gaspillage alimentaire causé par la politique du calibrage.

Pourtant, ce ne sont pas les initiatives qui manquent. En 2013, Intermarché avait même lancé une campagne de communication sur les « légumes moches », suivie de près par Auchan et Leclerc. Ces derniers collaborent avec un collectif qui œuvre à la promotion des aliments imparfaits. Toutefois, ces initiatives ont été un échec. Comment expliquer ce paradoxe ? Il s’explique du point de vue du consommateur, habitué à des valeurs de plus en plus esthétiques, allant jusqu’à associer l’apparence du produit à sa qualité.