La souveraineté alimentaire de la France, enjeu primordial de notre avenir

Agricole

Reconquérir la souveraineté alimentaire de la France, le sujet est sur toutes les lèvres, et pour cause ! Un impératif urgent bien que la France soit, historiquement, un grand pays agricole. La preuve en chiffres : 52 % du territoire national est dédié à l’agriculture. Mieux encore, la France jouit d’une diversité exceptionnelle de sa production agricole, tant en quantité qu’en qualité. Pêle-mêle, nous produisons des céréales, des fruits et légumes, des viandes, du lait… avec cela en plus que la chaîne agroalimentaire est présente sur l’ensemble du territoire.

Seulement voilà, la France demeure tributaire de certains pays pour assurer son autonomie, notamment au niveau des protéines végétales pour l’alimentation des animaux d’élevage. Ce manque à combler a naturellement été accentué par la crise sanitaire, d’où l’urgence d’assurer la souveraineté alimentaire du pays. Comment ? En réduisant la dépendance de la France aux protéines, et en rapprochant les consommateurs de ceux qui les nourrissent. Décryptage !

L’agriculture en France, pilier de la souveraineté alimentaire

52 % du territoire national est consacré à l’agriculture. A lui seul, ce chiffre illustre l’importance de cette activité. En effet, bien plus qu’un simple secteur économique, l’agriculture est un véritable bastion pour la souveraineté alimentaire du pays. Et avec 824 000 personnes qui vivent et travaillent dans les fermes, ce secteur particulièrement dynamique est au cœur de la vie économique et sociale de l’Hexagone. D’autant plus que les femmes y jouent un rôle crucial, représentant un quart des actifs permanents agricoles.

Par ailleurs, la France compte 437 400 exploitations agricoles, couvrant 17 millions d’hectares, soit près de 31 % du territoire. Les grandes cultures, dont les céréales, les oléagineux, les protéagineux et les betteraves, représentent un peu plus de 45 % de la superficie agricole exploitée. A la lumière de ces chiffres, on comprend aisément toute l’importance de l’agriculture dans l’échiquier français, qui joue un rôle central dans le processus de production alimentaire.

Dans le même ordre d’idées, l’industrie agroalimentaire française, corollaire de l’agriculture, se positionne comme le troisième secteur le plus rentable de l’économie du pays, avec un excédent commercial de 5,6 milliards d’euros (2017). Elle n’est devancée que par les industries de la chimie, des parfums, des cosmétiques et du matériel de transport. Autre « réalisation » à mettre à l’actif de la France à ce niveau : le pays est le premier producteur de blé et premier détenteur de cheptel bovin en Europe, faisant de l’Hexagone le 6e exportateur mondial de produits agroalimentaires.

La filière fruits et légumes est également un secteur clé de notre économie, avec 450 000 emplois et 75 000 entreprises qui y opèrent. Pour leur part, les productions animales représentent 36 % de la production agricole nationale, offrant une large gamme de produits, allant du lait aux volailles, en passant par les porcs et les veaux.

Une stratégie nationale pour les protéines végétales

Vous l’aurez certainement compris à ce stade, la souveraineté alimentaire, souvent défendue par Stéphane Layani dans ses vidéos, passe par une agriculture forte et résiliente. Seulement voilà, malgré tous les chiffres que nous avons évoqués, la France peine toujours à atteindre l’autosuffisance en matière de production de protéines végétales, une composante essentielle de l’alimentation du bétail. Pour y remédier, le gouvernement français a lancé, tous azimuts, une stratégie nationale pour les protéines végétales, visant à réduire la dépendance de la France envers les importations de matières protéinées, à renforcer l’autonomie alimentaire des élevages et à développer une gamme de produits locaux à base de légumes secs. Soutenue par le plan de relance du gouvernement, cette stratégie s’appuie sur des dispositifs pour un montant de 546 millions d’euros, soulignant le sérieux de l’engagement du gouvernement français vis-à-vis de la souveraineté alimentaire du pays.

La dépendance de la France aux importations de protéines végétales : un défi pour la souveraineté alimentaire

La France, pays emblématique notamment par sa richesse agricole, affronte une réalité que certains jugent paradoxale : une dépendance substantielle aux importations de protéines végétales. Ces protéines, indispensables à l’alimentation du bétail, sont majoritairement importées, un fait étrangement contraire à l’image d’un pays réputé pour son autosuffisance agricole. Nous vous le disions, la France, dans toute son opulence agricole, ne produit en réalité que la moitié des matières riches en protéines nécessaires à l’alimentation de ses animaux d’élevage.

Cette dépendance ne vient pas sans risques. Elle laisse la France à la merci des caprices des marchés mondiaux et expose ses chaînes d’approvisionnement aux perturbations. Le soja, largement importé, est une source particulière de préoccupation environnementale. Sa culture intensive à l’étranger a des conséquences dévastatrices, provoquant déforestation et biodégradation. Pour contrer ce défi, le gouvernement français a élaboré une stratégie nationale pour les protéines végétales. Avec le soutien du plan de relance du gouvernement, doté de 100 millions d’euros, cette stratégie ambitieuse envisage d’augmenter les surfaces de protéines végétales de 40 %. Ses objectifs sont audacieux : réduire la dépendance aux importations, améliorer l’autonomie alimentaire des élevages, et promouvoir une gamme de produits locaux à base de légumes secs.

L’agriculture est, bien entendu, au cœur de cette stratégie. En diversifiant leurs cultures pour y inclure des légumineuses, les éleveurs pourraient minimiser leurs dépenses en fourrage et prendre le contrôle de l’alimentation de leur troupeau. De plus, l’accent mis sur les protéines végétales pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de marché, tant pour l’alimentation animale qu’humaine. La culture de légumineuses sur le sol français n’est pas seulement une solution à la dépendance aux importations, mais également un moyen de réduire l’impact environnemental de l’agriculture. En outre, cette stratégie pourrait créer des opportunités pour les agriculteurs. Elle pourrait redéfinir le visage de l’agriculture française et jouer un rôle crucial dans la réaffirmation de la souveraineté alimentaire de la France.

Réhabiliter les légumineuses dans nos assiettes : une nécessité pour notre santé et notre planète

Malgré leur abondance en protéines végétales, qui leur a valu une recommandation par le Programme National Nutrition Santé (PNNS), la consommation des légumineuses en France a été divisée par quatre en seulement deux décennies. Les protéines végétales, bien qu’elles soient souvent reléguées au second plan dans le dialogue sur la nutrition, jouent un rôle essentiel qui dépasse le simple renouvellement musculaire. Elles sont de véritables acteurs de notre santé, influençant de multiples voies métaboliques et régulations nécessaires à notre bien-être. Santé Publique France encourage ainsi une consommation régulière de ces aliments riches en fibres, préconisant au moins deux portions de légumineuses par semaine.

Car il faut savoir que l’équilibre nutritionnel est particulièrement délicat. En effet, il repose sur un savant mélange de protéines animales, qui représentent actuellement 60 % des protéines consommées en France, et de protéines végétales. La réintroduction des légumineuses dans notre alimentation offre au consommateur une palette plus large pour composer ses repas de manière équilibrée. Toutefois, l’ombre de l’insuffisance nutritionnelle continue de planer. Les protéines végétales, choix résolument bénéfique, peuvent parfois être dépourvues de certains acides aminés essentiels et de micronutriments comme la vitamine B12 ou le fer. Il convient donc de chercher un équilibre avec les protéines animales, en particulier dans certaines situations physiologiques plus sensibles, comme chez les femmes enceintes ou les personnes âgées.

Favoriser l’agriculture urbaine par l’essor des jardins partagés

L’agriculture urbaine, une tendance en pleine expansion, est une invitation à rétablir le lien perdu entre le citadin et la nature, entre l’homme et son alimentation. Mais comment atteindre cet objectif ? Implanter des jardins partagés, véritables oasis de verdure qui parsèment nos villes de parcelles généreuses, permettant à quiconque le souhaite de cultiver fruits et légumes. Ce faisant, ces jardins favorisent une consommation alimentaire plus saine, plus respectueuse de l’environnement et, plus important encore, enracinée localement.

A ce niveau, le plan « France Relance » a reconnu l’impact sociétal majeur de ces espaces verts en proposant le dispositif « jardins partagés ». Avec une enveloppe de 17 millions d’euros, il vise à soutenir des projets locaux avec des ambitions environnementales et sociales, ciblant en particulier les quartiers prioritaires et les zones de renouvellement urbain. Ce financement couvre les investissements matériels et immatériels et permet de subventionner des formations pour accompagner l’essor de ces jardins partagés à travers tout le territoire français, y compris dans les régions ultramarines.

Parallèlement, le gouvernement augmente son soutien aux projets d’agriculture urbaine dans les quartiers en pleine rénovation. C’est l’objectif de l’initiative « Quartiers Fertiles », pilotée par l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) et financée à hauteur de 13 millions d’euros par le plan de relance. Pour Julien Denormandie, « l’agriculture urbaine insuffle une nouvelle vie à la nature en milieu urbain et possède un potentiel pédagogique important, en particulier pour les jeunes générations. Au-delà de ses bienfaits environnementaux, elle tisse un lien social puissant, transformant de manière significative et durable la vie des habitants des quartiers concernés ».

In fine, l’essor des jardins partagés dans le cadre de l’agriculture urbaine marque donc une étape cruciale vers la conception d’une ville plus respectueuse de l’environnement, plus engagée socialement, et nourricière – une vision ambitieuse de la métropole de demain.