Les charcutiers traiteurs attaquent l’application Yuka en justice

l’application Yuka

Dans le domaine de la charcuterie, l’ennemi se nomme Yuka ! Yuka, c’est le nom de cette application mobile qui « brillamment » réussi à se mettre à dos les charcutiers français. Pourquoi ? Parce qu’elle permet aux consommateurs de scanner les produits au supermarché avant de les acheter, et leur donne une information détaillée sur l’impact qu’ils peuvent avoir sur leur santé.

L’application met un accent particulier sur les nitrites, un additif qu’elle juge dangereux, très présent dans les produits de charcuterie. Yuka va plus loin en redirigeant automatiquement les consommateurs vers une pétition qui réclame leur interdiction, dès lors qu’ils scannent un produit qui en contient. Evidemment, le secteur de la charcuterie n’en est pas spécialement satisfait. En réponse, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) et des entreprises de charcuterie attaquent Yuka en justice. On fait le point.

Yuka attaquée pour « Acte de dénigrement »

Nous vous le disions, en mai dernier, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs a attaqué  Yuka au Tribunal de commerce de Paris. Ce dernier a d’ailleurs donné raison à la FICT, qui a attaqué l’application pour « Acte de dénigrement ». En cause, la pétition dont nous vous parlions, qui réclame l’interdiction des nitrites. Rappelons que ladite pétition a été signée par Yuka, mais aussi par Foodwatch et par la Ligue contre le cancer. Rappelons également que les consommateurs étaient automatiquement redirigés vers la pétition lorsqu’ils donnaient des produits alimentaires qui contiennent des sels nitrites. C’est ainsi que le tribunal a statué en faveur de la fédération des charcutiers, reprochant à Yuka d’avoir recours à des « pratiques commerciales déloyales trompeuses, des allégations fausses, dénuées de fondement scientifique, sur le caractère cancérigène des nitrites de la charcuterie ». Par conséquent, l’application a été condamnée à payer une amende de 20 000 euros, en plus de 10 000 euros en frais d’avocat.

Les entreprises de charcuterie rejoignent la FICT

Après sa condamnation, Yuka a exprimé sa volonté de faire appel suite à sa condamnation par le tribunal face à la FICT. Elle devra toutefois faire face à une nouvelle attaque en justice, cette fois par deux entreprises de charcuterie, à savoir les marques Auvernou du Mont de la Coste et Noix Fine. Celles-ci demandent pas moins d’un million d’euros en dommages et intérêts à Yuka.

Une somme qui, de l’avis de Chefing, a de quoi inquiéter la startup. Réagissant à cette nouvelle action en justice, la fondatrice de la startup, Julie Chapon, a déclaré : « les intérêts économiques passent largement avant la santé des consommateurs. Si l’on regarde la quantité moyenne de charcuterie « nitritée » consommée par les Français, on est largement au-delà du seuil considéré comme sûr. C’est une tentative d’acharnement du lobby de la charcuterie qui, pour des raisons économiques, cherche à empêcher d’alerter sur un danger réel pour le consommateur ».

Nitrite : un cancérigène probable, selon l’OMS

Alors que les professionnels de la charcuterie se battent bec et ongle contre Yuka, il faut bien avouer que le nitrite pose problème. Selon l’OMS, il s’agit d’un « cancérigène probable ». Un rapport parlementaire va plus loin en indiquant qu’ « il existe aujourd’hui une certitude scientifique : la charcuterie nitrée est cancérigène pour l’Homme ».