Nestlé et Danone appuient l’adoption du Nutri-Score en Europe
Les géants de l’industrie agroalimentaire, Nestlé et Danone (entre autres), se mobilisent en faveur de l’adoption à l’échelle européenne du système d’étiquetage nutritionnel simplifié, baptisé Nutri-Score sur le devant des emballages des différents produits alimentaires. Eclairage.
Nutri-Score : la France précurseur
Nutri-Score a été officiellement adopté par la France pour la première fois en 2017. Depuis lors, le système d’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages a été adopté par la Belgique, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Suisse. Toutefois, en vertu de la législation alimentaire européenne, Nutri-Score et d’autres dispositifs de ce type ne sont adoptés que sur une base volontaire.
Selon une sélection de députés européens, de fabricants de produits alimentaires, d’universitaires, d’organisations de santé publique et d’organisations de la société civile, cela signifie que « le potentiel de l’étiquette pour aider les consommateurs n’est pas encore pleinement exploité ». Une quarantaine de parties prenantes ont adressé une lettre à la commissaire européenne à la santé et à la sécurité, Stella Kyriakides, en prévision de la prochaine stratégie « de la ferme à la table », pour demander l’application obligatoire du Nutri-Score dans tous les pays de l’Union Européenne.
Combattre l’obésité
En Europe, un adulte sur deux est en surpoids ou obèse. Il est clair, selon les signataires (dont les deux géants de l’alimentation Nestlé et Danone et le lobby de la société civile le « Bureau européen des unions de consommateurs – BEUC) que « des mesures plus énergiques sont nécessaires pour endiguer cette crise de santé publique ». L’obésité est un sujet brûlant dans le contexte de la pandémie actuelle de coronavirus, de nouvelles recherches révélant qu’elle est le plus grand facteur de risque de décès par Covid-19 chez les moins de 50 ans. Dans la même étude, l’obésité s’est également révélée être le plus grand facteur de risque chez les personnes âgées de 50 à 64 ans.
Dans leur lettre à la Commission, les signataires ont souligné l’importance de remédier aux déséquilibres alimentaires et à la malnutrition dans le contexte de l’apparition du virus. « Alors que l’Europe continue à faire face aux graves conséquences de la crise Covid-19, l’importance de la santé de ses citoyens est plus que jamais d’actualité », ont-ils noté. « Nous pensons que l’alimentation joue un rôle important dans le maintien d’une société saine, et que nous devons donc donner aux citoyens, par l’intermédiaire de l’UE, les moyens d’adopter des habitudes alimentaires équilibrées en leur fournissant des informations nutritionnelles claires ». L’étiquetage nutritionnel a été identifié comme l’un des principaux outils politiques pouvant aider les consommateurs à faire des choix alimentaires plus informés et plus sains.
Pourquoi Nutri-Score ?
Nutri-Score est un système d’étiquetage frontal à code couleur conçu pour aider les acheteurs pressés à faire de meilleurs choix en un coup d’œil. Le système classe les aliments de -15 pour le produit le plus sain à +50 pour ceux qui sont moins sains. Sur la base de ce score, le produit reçoit une lettre avec un code couleur correspondant : du vert foncé (A) au rouge foncé (F). Des recherches ont révélé que dans certains pays, le Nutri-Score est actuellement le système le plus performant, tant pour comparer la qualité nutritionnelle des produits alimentaires que pour sélectionner des choix plus sains. Cependant, toute l’Europe n’est pas d’accord.
En Italie, par exemple, des inquiétudes ont été exprimées quant au risque que le système Nutri-Score fait courir aux produits fabriqués en Italie. L’eurodéputée italienne Silvia Sardone estime que le système est « trompeur et discriminatoire », excluant des régimes alimentaires les aliments sains et naturels qui ont été consommés pendant des siècles. La députée européenne a cité des exemples d’aliments « vraiment sains » comme l’huile d’olive extra vierge, mais aussi des spécialités italiennes comme le jambon de Parme, le Parmigiano Reggiano et le Grana Padano. Par ailleurs, FEDIOL, qui représente le secteur européen des huiles végétales et des farines protéiques, s’est également prononcé contre le système actuel de Nutri-Score. L’association professionnelle de l’UE fait valoir que ce système rend « impossible » pour les aliments à ingrédient unique tels que les huiles et les graisses végétales d’améliorer leur score au-delà d’un « C » ou d’un « D ».